La colère du Soleil (2)
Rarement elle n'avait connu journée aussi douce, avec une lumière comme étincelante, irisée d'une énergie subtile, mais omniprésente.
Lydia marchait parmi les fleurs mourantes, d'autres naissantes. C'est ainsi, l'automne, un doux mélange de vie et de mort s'entremêlant dans des couleurs de feu.
Radieuse, elle souriait, sa robe fleurie ondulée par un vent léger. Elle aurait aimée être nue, en harmonie totale, offerte à la Terre, à la Vie.
Elle ne rêvait jamais d'homme, les connaissant trop sans vraiment les avoir fréquentés. Elle se savait la fiancée du Soleil, de la Lune et de toutes les étoiles.
Amoureuse, elle l'était, de tous ces rochers qui sortaient de "Sa" terre, laissant peu de place aux arbres et autres plantes qu'elle chérissait comme ses frères et soeurs
qu'elle n'avait jamais eus.
Elle planait littéralement, sur un de ces minces plateaux au dessus des gorges de la Dourbie. Elle sentait la plante de ses pieds caressée par les millefeuilles et autres chardons bénis.
C'était la terre où elle était née, où elle avait toujours voulu rester. Ni les études, où elle était douée, ni les lumières de la ville ne purent l'arracher à ce profond sentiment qu'elle était intimement liée à ce lieux sauvage et rustique, très peu propice à une vie de femme moderne.
Alors elle ne serait pas moderne, elle le savait depuis toujours. Elle deviendrait celle que les autres, corrompus par les airs siréniesques du temps, appelleraient la sorcière.
Tout le monde l'avait croisée au moins une fois avec un gros bouquet de plantes sauvages dans les bras. Une femme seule, d'une beautée sublime, avec ses longs cheveux d'un noir infernal, ramassant des herbes, ne pouvait être qu'une sorcière, même en ce début de 21 ème siècle.
Si le temps semblait s'emballer, en cette époque entre ombres et lumières, les esprits, eux, semblaient régresser.
Au fond, Lydia s'en moquait et en souriait. Elle n'était pas de ce monde, n'en serait jamais.
Ses cueillettes lui permettaient de rester dans la maison familiale, seule, mais heureuse. Seule, mais entourée d'une multitude de présences, jusque dans ses rêves.
Et là, elle le savait, elle était en plein rêve.
Mais tout à coup, tout devint sombre, son sourire se crispa et disparu pour laisser place à l'inquiétude profonde.
De gros nuages gris arrivaient par l'Ouest, très vite, comme dans un film. Le Soleil, pourtant masqué, les couronnait d'une lumière aveuglante.
Puis ce fut un grand souffle chaud qui prit tout son corps.
Lydia fut plaquée au sol, bras en croix.
Elle avait du mal à respirer.
Il y avait cette grande chaleur qui la fit haleter.
Elle se sentait partir, comme soulevée par cette chaleur.
Puis elle chuta lourdement sur le sol, et ouvrit les yeux. Tous les draps étaient humides de sa transpiration.
Elle resta les yeux fixés sur le plafond un long moment.
"Quelque chose de grave arrive" se répétait dans son esprit.
Quelque chose de grave arrive...
Lydia ferma les yeux, et se concentra. Il fallait demander conseil aux forces mystérieuses qui l'entouraient.